"Nous vivons dans une société qui coupe l'individu de son corps et de ses besoins, dans une société où il n'y a pas de respect pour le corps."
Karin Viard, phrase extraite de son interview dans Styles du 3 mars 07.
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Sorti de son contexte, c'est dur de comprendre. Mais, je crois saisir le sens de ses propos. Régulièrement bien vus d'ailleurs, superbes actrices qui pense bien le monde.
Rédigé par : jul | 04.04.2007 à 22:04
Tellement vrai.
Rédigé par : Fub | 15.04.2007 à 15:08
Il était question à ce moment de l'interview de rapport avec la nourriture, l'esthétique --c'est par là que nous "vivons" notre corps au quotidien, et c'est dans ces domaines que la société et l'univers de la consommation nous offre pléthore d'offres, de choix, de tentations... mais aussi pléthore de regards, de contraintes. En disant que cette pléthore nous coupe de notre corps (sa réalité, notre ressenti subjectif de lui, ses besoins et du coup nes besoins affectifs et sensoriels), je trouve aussi que Karin Viard dit quelque chose de très vrai. Mais pour le respect, là ça se discute. Cette notion de respect renvoie à l'idée qu'il y a un corps "originel", "vrai", par opposition au corps réinventé par des besoins créés, corps qui serait "artificiel", corps acculturé par opposition à un corps naturel. Je pense personnellement que notre corps est le premier lieu de culture. Il n'y a pas de corps premier(sauf si on parle du corps biologique). En revanche il y a une image intime du corps, une représentation avec laquelle nous acceptons de fusionner, avec laquelle nous avons besoin de fusionner même. Mais si on y réfléchit bien, où est-elle exactement ? Pas évident, n'est-ce pas ? Est-ce que nous ne nous construisons pas ce corps "à nous" en le rêvant ? Est-ce que nous n'avons pas la nostalgie d'un corps edenique ? Le corps "premier", originel, spontané, il se met à exister... précisément quand on a la sensation de l'avoir perdu.
Mais on peut comprendre l'idée de l'irrespect du corps aussi dans l'opposition "rationaliste" corps/âme qui persiste dans nos sociétés. Paradoxalement d'ailleurs, car les contraintes esthétiques et alimentaires se veulent aussi des facteurs d'épanouissement, de bien-être, des moyens d'atteindre à un idéal, à un certain bonheur. Alors notre corps devient instrument, dans le miroir nous ne le voyons plus, nous voyons un objectif à atteindre : notre corps disparaît, parfois notre regard l'évite, l'évince, le rend aussi invisible qu'une personne indésirable dont nous ne voulons pas connaître la présence.
Rédigé par : flo | 16.04.2007 à 20:14